Cuba, L’avant – après Fidel !

Andréanne Kohler Découvertes

IMG_6207-768x6042003, 2008, 2016. Trois fois que je me rends à Cuba, trois fois que j’en reviens charmée. Des sourires, du soleil et des mojitos pleins les yeux, le cœur, le sang !
Alors que mes deux premières visites étaient purement privées et que j’ai sillonné l’île de long en large en voiture de location en logeant principalement chez l’habitant, cette fois-ci mon retour sur l’île était professionnel. Histoire de vérifier si l’arrivée en terre cubaine des citoyens américains avait ou non changé quelque chose sur ce véritable joyau des Caraïbes.

La réponse je l’ai… et je suis ravie de vous annoncer que ce qui m’a séduite à l’époque à Cuba m’a encore séduite cette fois-ci. Car pour le moment, Cuba n’a pas encore vraiment changé ! Bon, ceci signifie aussi que ce qui « péclotait » à l’époque « péclote » toujours. Mais j’y reviendrai.

Cuba il faut la vivre, idéalement en ne réfléchissant pas à toutes les subtilités imposées… et en emportant une bonne dose de patience. Parce que les Cubains font toujours la queue quelque part. Ils le disent eux-mêmes. Par obligation. Ou par habitude ?
En atterrissant à la Havane, si votre arrivée coïncide avec celles de deux ou trois autres vols, il faudra commencer par… attendre. Attendre à l’immigration, attendre vos bagages, attendre les bagages de celles et ceux qui vous accompagnent. Mais une fois en ville, selon les intérêts, idéalement soit dans le quartier du Vedado (animé le soir), soit à Habana Vieja (animée la journée), quel plaisir de découvrir une ambiance unique, de se déplacer dans un véritable musée d’anciennes voitures. Souvent retapées avec soin (c’est une des différences notoires avec « avant »… un flux plus important de devises permet aux Cubains de bichonner leur véhicule), rose bonbon, vert pomme ou bleu émeraude, leur moteur (qui n’est plus non plus d’origine) ronronne et les cubains, cigare au bec, panama sur la tête, sortent fièrement leur fiancée. C’est aussi à La Havane que vous trouverez le plus grand nombre de paladars. Ces restaurants privés qui proposent aujourd’hui jusqu’à 50 couverts (ça aussi c’est nouveau !) dans des maisons restaurées tentent timidement de servir des plats un peu plus variés que le classique « salade – poulet / porc ou poisson grillé – riz aux haricots rouges » et les nappes blanches, souvent immaculées, présagent une évolution positive du service. Mais tout n’est pas encore gagné !

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Une première découverte de Cuba devrait, dans la mesure du possible, inclure un crochet dans la vallée de Vinales et à Pinar del Rio. A env. 2h de route de La Havane, ce sont des paysages bucoliques, de vastes champs de tabac ainsi que d’imposants mogotes qui s’offrent à vous. Je recommande vivement une balade à cheval, une petite heure, qui permet de plonger au cœur d’une vie agricole typique. Je précise ici que l’agriculture reste omniprésente à Cuba ! L’autoroute qui relie les grandes étapes du pays appartient toujours autant aux voitures (plutôt rares) qu’aux charrettes à chevaux et aux cowboys au lasso. Un pur plaisir !

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Après le cheval, place à la découverte. Sous un toit de chaume, les yeux déjà dilués dans le rhum, Benito accueille les touristes pour expliquer la culture de tabac. 90% va à l’Etat…10% restent chez Benito. Et les 10% restant restent aussi…chez Benito ! Quand je vous parlais de subtilités !

Un voyage à Cuba se fait soit en petit groupe, avec un bus et un guide local, soit en voiture de location – dans ce cas un minimum de débrouillardise et idéalement d’espagnol seront bienvenus ! Si vous optez pour la première solution, c’est en général en hôtels que vous serez logés. A Cuba, hors stations balnéaires, le luxe n’a pas (encore ?) fait son apparition et souvent l’une ou l’autre étoile d’un établissement est à chercher…dans le ciel ! Ce qui m’a certainement le plus fait sourire fut lorsqu’en constatant la régulière « saleté » des moquettes, un directeur d’hôtel m’a répondu « je suis désolé mais comme il n’y a qu’un seul aspirateur à disposition de l’entretien dans tout l’immeuble, le nettoyage est assez irrégulier ». Et voilà. Du coup on pardonne la saleté de la moquette.

En individuel, il vous sera proposé de loger ici ou là dans une « casa particular ». Chez l’habitant. Je dois dire que cette formule me plaît beaucoup, car elle permet de rencontrer les Cubains chez eux et parallèlement de profiter de jolies chambres proprettes. Les petits déjeuners sont savoureux et fruités, les prix intéressants. Si une adresse est un peu difficile à trouver, un jeune homme à vélo, à l’entrée de la ville, vous proposera certainement ses « services » de guide en échange de quelques CUC.

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Les CUC, parlons-en (un peu !). Les pesos convertibles. La monnaie « touristique » de Cuba. En opposition au CUP, les pesos des cubains, auxquels vous n’aurez pas (ou que sur insistance) accès. De toute manière ils nous vous servent à rien, ils ne s’utilisent pas dans les magasins « touristiques ». En tant que visiteur, les prix qui sont affichés sont multipliés par x par rapport à ce que paye un Cubain. Mais sachant qu’il touche un salaire de 15 USD par mois, payer 1 CUC (env. 1 EUR) pour un litre de lait paraît effectivement complètement démesuré. Toute cette histoire d’argent, de prix, de coupons (chaque famille reçoit encore, en début de mois, un carnet de coupons donnant droit à quelques denrées de base) est bien compliquée. Subtile. Plonger dans les détails me prendrait des pages, et en plus je ne suis pas certaine de pouvoir vous donner 100% d’informations correctes. Alors je vais en rester là.

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S’il est une ville après la Havane à visiter absolument, c’est Trinidad. Joyau colonial, inscrit au patrimoine culturel par l’Unesco, son centre a été restauré avec soin, ses maisons colorées aux imposants fers forgés, ses places pavées bordées de cocotiers, sa musique et ses langoustes en font un coup de cœur général !

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J’en profite pour vous raconter une petite histoire qui m’est arrivée il y a quelques années, mais qui est apparemment toujours d’actualité et qui reflète bien Cuba et l’esprit de ses habitants. Disposant d’une après-midi libre, je décidais de me rendre à la plage d’Ancon, à une douzaine de kilomètres du centre de Trinidad. Je gare ma voiture sur un petit parking, surveillé par un papi. 5 CUC. Je paye et pars me baigner dans les eaux turquoise de la mer des Caraïbes. A mon retour au parking, je retrouve ma petite Fiat avec un pneu crevé. Un clou, bien planté dans la roue. Le papi n’est pas loin, il arrive et me propose avec son sourire édenté de changer ma roue. 5 CUC. Je paye ! Et comme il faudra réparer le pneu, il m’indique l’adresse de son copain, 5 CUC – encore ! Un clou à 15 CUC qui aura fait manger 3 personnes. Comme ils disent là-bas…chaque Cubain est contraint de se faire de l’argent à « gauche ». Une expression qu’ils utilisent volontiers et vous en ferez certainement, une fois ou l’autre, l’expérience.

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Cuba, au-delà de ses superbes villes, de ses plages idylliques (personnellement je recommande Cayo Ensenacho, sur l’archipel de Cayo Santa Maria) c’est aussi une ambiance unique, une histoire mouvementée, des traditions ancestrales, des rires et de la musique – le tout dans un environnement plutôt compliqué qu’il fait bon découvrir tout en étant conscient des points faibles de l’île et en les acceptant. Le court terme à Cuba c’est dans 10 ans…alors vous avez le temps de vous y rendre avant que les grues gâchent les paysages, avant que les autoroutes soient interdites aux chevaux et vélos, avant que les vieilles Chevrolet ne soient plus que pièces de musée.

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Cuba, hasta siempre, commandante !