Aventure islandaise

Cet été, nous avons troqué le maillot de bain pour les chaussures de marche en Gore-Tex et la veste de ski, car c’est décidé, nous partons en Islande! Envie de grands espaces, de nature et d’un peu d’aventure, c’est donc en camper 4×4 que nous décidons d’explorer l’île la plus septentrionale d’Europe afin de pouvoir emprunter les pistes des hautes terres qui ne sont accessibles que durant quelques semaines par année.

Après une première nuit dans notre nouvelle maison pour la semaine, départ en direction du cercle d’or sous une pluie battante, pas de quoi nous décourager, nous nous étions préparés ! Nous continuons ensuite direction sud jusqu’à Vik. Une balade en fin de journée le long des falaises qui surplombent les plages de sable noir nous permet une première rencontre avec les macareux et leur joli faciès! Et dire que c’est une délicatesse locale!

Nous longeons la côte sur la route circulaire, qui, comme son nom l’indique, fait tout le tour de l’île et peut facilement se faire en voiture de location. Les chutes d’eau se succèdent et sont l’occasion de jolies balades pour les approcher de plus près. Venant de Suisse, les chutes d’eau et glaciers peuvent paraître banals, mais c’est sans compter sur la démesure islandaise. C’est en approchant du Vatnajökull que nous en prenons vraiment conscience. Plus grand glacier d’Europe, le parc national du même nom couvre une superficie de 15’000m2 soit près de un tiers de la taille de la Suisse . Nous avons déjà passé l’embranchement de la F26 qui traverse le pays du sud au nord car notre but de la journée est d’atteindre Jökuslaron, un des lagons glaciaires créé par la fonte des glaces de ce monstre. Il y a comme un petit air d’Antarctique ici, ne manque plus que les ours blanc. Les icebergs bleutés flottent partout à la surface de l’eau, un spectacle magique.

Le revers de la médaille c’est qu’il y a du monde, nous arrivons juste à embarquer sur le dernier véhicule amphibie qui va nous permettre de découvrir les icebergs de plus près. Le soir venu, les touristes se font plus rares et nous décidons de passer la nuit sur place. Il n’y a que 2 autres campers à côté de nous et c’est en buvant un whisky «  on the rocks » avec de la glace vieille de plusieurs milliers d’années que nous faisons connaissance.

Nous rebroussons chemin et nous nous demandons si nous ne nous sommes pas trompés car nous ne reconnaissons absolument pas le paysage. Hier les falaises abruptes à notre droite n’étaient qu’une sucession de cascades, aujourd’hui, il n’y a plus qu’un maigre filet d’eau et le ciel est d’un bleu profond. Mais nous sommes en Islande, et à peine plus d’une demi-heure plus tard, au moment où nous arrivons à l’embranchement pour la F225, notre première « vraie » piste, le ciel se fait gris menaçant. Les rares habitations laissent peu à peu place aux moutons et à des collines noires qui par endroit, sont recouvertes de mousse verte presque fluorescente.

Je ne serais pas surprise de voir débarquer un troll derrière l’une d’elles. Les choses sérieuses commencent, le mode 4×4 lent est enclenché et nous arrivons bientôt au premier gué. Une voiture venue d’en face nous rassure rapidement sur la profondeur et après l’avoir franchi avec succès, nous continuons avec un rythme de 25km/h en direction du Landmannalaugar.

En approchant, le vert et le noir laissent peu à peu place à des montagnes colorées qui semblent avoir été peintes. Une belle randonnée de 3h nous emmène à travers ce superbe décor et c’est confortablement installé dans notre hot pot que nous terminons cette première journée dans les hautes terres.

La F26, aussi appelée piste de Sprengisandur traverse le pays du sud au nord et 5 heures durant nous allons traverser un paysage désertique ponctué de quelques gués avant d’arriver à Myvatn.

Notre itinéraire de base devait nous faire bifurquer sur la F910 pour rejoindre Askja, mais c’était sans compter sur le fait que la plus grande éruption de ces dernières dizaines d’années avait eu lieu 6 mois plus tôt, recouvrant totalement la piste d’une épaisse couche de croûte terrestre. C’est donc en arrivant depuis le haut que nous avons rejoint Askja. Ce cratère dans un autre cratère doit être impressionnant à voir, nous ne pouvons malheureusement que l’imaginer tellement le brouillard est épais. En arrivant au refuge, nous croisons 2 français a vélo qui ont emprunté la fameuse F910 et qui ont du être secourus sur les derniers kilomètres en état d’épuisement et de déshydratation complets. Nous leur proposons de les ramener sur la route circulaire le lendemain.

A aucun autre moment avant d’arriver en Islande je n’avais à ce point là eu conscience de la croûte terrestre. A Thingvellir, dans le Cercle d’Or, une faille de plusieurs mètres de large marque la séparation entre la plaque Eurasienne et la plaque Nord-Américaine qui s’écartent de 1-2cm par année. Et ici à 30 minutes d’Askja, des colones de fumées sont visibles au loin, c’est la terre qui fume encore 6 mois après l’éruption

et qui a donné naissance à une nouvelle rivière chaude. La force de la nature et sa puissance se manifestent aussi à Detifoss…

Ce matin. départ pour Husavik, haut lieu de l’observation des baleines. Les pêcheurs se sont reconvertis dans l’organisation de sorties pour touristes. Ce matin la mer est démontée avec des creux de plus de 5 mètres et les bateaux ne sortent pas. Pour faire passer le temps, nous visitons le très intéressant musée de la baleine avant de reprendre la route pour Dalvik où nous aurons la chance de voir de nombreuses baleines le lendemain matin.

Notre plan initial était de terminer par la route circulaire et la péninsule de Snaefellsnes. Mais après quelques heures sur la route circulaire, l’appel des hauts plateaux et des pistes se fait sentir et c’est d’un commun accord que nous décidons de redescendre par la F35 ou piste du Kjölur.

Ici pas de gués à traverser, mais comme partout en dehors de la route circulaire, il faut s’arrêter pour lire les panneaux (une place est d’ailleurs prévue à cet effet!!).

Notre choix est largement récompensé par la variété des paysages, très différents de ceux de la F26.

Nuit au camping avec superbe lever de lune et un hot pot à l’heure de l’apéro pour bien terminer la journée.

Le lendemain nous commençons la journée par une rando sur le site géothermique de Kerlingarfjöll. Outre les fumerolles et autres manifestations de l’activité volcanique, ce sont surtout les paysages qui vont nous marquer. Ces montagnes colorées recouvertes de taches de neige blanche ont quelque chose d’irréel.

C’est avec un gros pincement au coeur que nous ramenons notre camper à Reykjavik… Alors pour nous consoler, le soir, nous profitons de découvrir l’un des restaurants de la capitale, une vraie découverte.