Barrancas & Chepe

Mélissa Badan Découvertes

Creel Lac Arareco

Nous voilà partis pour un grand voyage de 3 semaines, que je vous propose de découvrir dans deux posts. Au programme : les Barracas del Cobre ou Canyons du Cuivre où je vous emmène ci-après, puis la merveilleuse péninsule de Basse-Californie que vous pourrez lire ici. Cette première partie en immersion au coeur des hauts canyons (qui culminent quand même à plus de 2000 m d’altitude et qui se couvrent de neige en hiver !) constitue une facette étonnante et inattendue du Mexique, où les pins remplacent les traditionnels cocotiers.

Après une courte nuit d’escale à Mexico-City, nous nous envolons pour une petite ville endormie dont le nom ne manque pas de nous faire sourire : Chihuahua. Posée au milieu d’un désert aride, elle ne présente guère d’intérêt et nous mettons de suite le cap vers les hauteurs. Une route sinueuse nous mène au coeur des montagnes, jusqu’au petit village de Basasechic. Ici, très peu de touristes et un seul hôtel offrant un confort tout simple (mais avec l’essentiel : de l’eau chaude et du chauffage, le thermomètre frisant les 0° à la nuit tombée). Souvent oublié des itinéraires classiques, le lieu abrite pourtant l’une des plus belles chutes du continent, la 5e par sa hauteur imposante de 246 m. La beauté du site est renforcée par les impressionnantes falaises environnantes, tombant par endroits sur plus de 400 m, aux petits airs de Zion National Park. Nous l’admirons tout d’abord depuis un mirador offrant une vue à couper le souffle à 360°.

Basaseachic falaises & cascade

Le lendemain, départ de bonne heure pour une magnifique randonnée. Nous empruntons un sentier qui nous emmène à travers la forêt jusqu’au pied de la cascade et son petit bassin. Une fois arrivés en bas, la vue est d’autant plus impressionnante, les falaises ocre sont vraiment vertigineuses. Un petit bain (glacé !!) et c’est parti pour une bonne grimpette afin de revenir à notre point de départ (compter environ 3h00 de marche au total sans les arrêts).

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Basaseachic en chemin

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Nous mettons ensuite le cap vers la petite ville de Creel, point de départ de l’un des trains les plus fameux du continent : le Ferrocarril Chihuahua Pacifico, plus connu sous le nom d’El Chepe ! La région abrite également quelques sites intéressants, dont deux vallées aux formes étranges. Nous nous rendons tout d’abord à la Vallée des Grenouilles et des Champignons, aux allures effectivement insolites. L’arrêt sera court, la « vallée » est en réalité assez petite et passablement touristique.

Creel Vallée des Grenouilles et Champignons

Nous rejoignons donc ensuite la Vallée des Moines, où nous nous baladons aux pieds de formations étranges, beaucoup plus grandes et en grand nombre. Une très belle découverte, de plus, moins fréquentée en raison de son éloignement. Nous terminons ensuite par un petit arrêt au joli lac Arareco, avant de nous installer à notre hôtel à l’ambiance western. Il est temps de savourer nos premières margaritas et de nous lancer dans une dégustation de mezcal (=  une eau-de-vie élaborée au Mexique à partir de l’Agave, aussi appelé « maguey »).

Creel Valle de Los Monjes

Le lendemain, le moment est venu d’embarquer à bord du Chepe. Nous découvrons que les places ne sont attribuées qu’au moment de la validation du billet par l’un des contrôleurs et négocions donc gentiment une place à deux – une bonne idée, les places à quatre s’avèrent beaucoup plus étroites au niveau des jambes. Mon conseil : demandez aussi au passage d’être placé à gauche dans le sens de la marche, afin de profiter des vues les plus dégagées. Et c’est parti pour un périple au fil de l’un des plus beaux trajets ferroviaires du monde ! Les chiffres en disent long : 656 km de voies, 37 ponts, 86 tunnels et plus de 60 ans de travaux. Achevé en 1961, il constitue un phénomène tant pour la prouesse d’ingénierie qu’il représente que pour la vue imprenable qu’il offre sur les canyons. Il relie l’intérieur aride du nord du Mexique à une ville à 24 km à peine de la côte Pacifique, via des dénivelés qui l’oblige à monter plus de 2400 m. Ce premier trajet sera assez court, environ 1h50, et nous mène tout droit au coeur de l’un des joyaux du continent : les impressionnants canyons du Cuivre (Barrancas del Cobre en espagnol ou Copper Canyons en anglais – les noms peuvent parfois porter un peu à confusion).

Un petit mot d’ailleurs sur cette région trop souvent négligée par les visiteurs européens séjournant au Mexique (nous croisons en effet ici quelques 95% de touristiques mexicains qui visiblement adooorent la région, quelques rares américains et à peine un ou deux européens). Ces canyons, parmi les plus profonds et les plus diversifiés du monde, consistent en réalité en un labyrinthe de 7 canyons principaux et d’une dizaines de canyons secondaires, qui couvrent une région quatre fois plus vaste que le Grand Canyon en Arizona. Par endroits, ils sont d’ailleurs plus profonds que ce dernier (jusqu’à plus de 1800 m !). Ils furent creusés dans la roche volcanique de la sierra, vieille de 25 millions d’année, par des mouvements tectoniques et par les rivières qui coulent maintenant au fond. Des fruits tropicaux poussent dans les profondeurs qui peuvent atteindre 45° en été, tandis que les hauteurs sont couvertes d’une végétation alpine.

Nous descendons à la station de Divisadero et faisons un court transfert à notre superbe hôtel, au nom évocateur : El Mirador. A peine arrivés, le charme opère : un salon cosy avec piano et cheminée débouche sur une terrasse avec une vue à couper le souffle ! Souvent primé, l’hôtel profite en effet d’une situation exceptionnelle, le seul à offrir de tels panoramas. Toutes les chambres disposant de leur propre balcon face aux canyons, le séjour s’annonce juste fantastique ! Nous serons également séduits par la grande attention du personnel, l’excellente cuisine et les dégustations de vins des crus cultivés dans les canyons. Un vrai coup de coeur, à ne manquer sous aucun prétexte !

Mirador panorama

Après un petit apéro sur la terrasse à savourer piña colada et paysage, nous décidons de nous dégourdir les jambes et de partir pour une petite randonnée. L’hôtel est entouré de nombreux sentiers, au fil desquels nous finissons par nous perdre faute de signalisation mais qu’importe : la vue est incroyable, et de toutes manières on aperçoit toujours au loin la silhouette du Mirador, perché sur sa falaise tel un nid d’aigle – nous trouverons bien moyen de le rejoindre à un moment donné. Ce que nous faisons en fin de journée, avec quand même en tête de recommander à nos clients d’avoir plutôt recours aux services d’un∙e guide. Le soir venu, ambiance assurée par deux musiciens / chanteurs, qui mettront le feu au bar – et oui, même à 2250 m d’altitude, en plein COVID et au fin fond des canyons, la « fiesta mexicana » bat son plein !!

Mirador terrasse & apéro

Barrancas rando & Mirador au loin

Mirador panorama

Barrancas sunset

Au petit jour, nous partons pour la fierté locale qui a donné un incroyable coup de « boost » au tourisme : le Parque de Aventuras Barrancas del Cobre. Comme son nom l’indique, ici des sensations plus ou moins fortes attendent les amateurs, bien que des activités plus soft soient proposées également aux familles. Parmi la foule de possibilités, nous avons réservé le fameux parcours de tyroliennes qui permet de profiter des vues les plus folles sur les canyons. Si vous avez testé les excellentes tyroliennes du Costa Rica (une fierté nationale bien méritée), sachez que ces dernières sont battues à plates coutures par celles des canyons du Cuivre ! A ne pas manquer donc ! D’autant plus qu’elles permettent de rejoindre des points éloignés dans les canyons. Le retour permet de profiter en plus du fameux téléphérique, l’emblème du parc avec ses 2750 m – le troisième plus grand du monde.

Barrancas sunrise

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Pour se remettre de ces émotions, quoi de mieux que de monter crescendo en sensations avec la via ferrata « maison » du parc : rappel, ponts de singe, tarzan swing, échelles, passage dans une grotte et ascension de sa cheminée. Un itinéraire particulièrement varié avec toujours en toile de fond la magie du paysage, en prime bien mieux équipée que certaines via ferrata suisses. La journée a été chargée, c’est le moins que l’on puisse dire – retour à l’hôtel et à sa belle terrasse !

Barrancas trouvez la télécabine !

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Après ces quelques journées intenses, nous quittons à présent les montagnes et partons en direction de la mer de Cortez. Retour à bord du Chepe, pour un long trajet d’environ 8h00 à destination de Los Mochis, situé à 30 minutes de route de la mer. Nous attaquons à présent la plus belle partie de l’itinéraire (tout particulièrement le secteur Divisadero – El Fuerte), une vraie plongée au fond des canyons et des montagnes imposantes. En chemin, la végétation commence à changer et passe des arbres alpins à une végétation tropicale. Arrivés au terminus, nous faisons un court transfert vers le port de Topolobampo, prêts à embarquer pour une nuit en ferry, mais surtout pour notre périple en Basse-Californie !

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Véritable pays-continent, le Mexique recèle vraiment de nombreuses surprises et nécessite à coup sûr d’y faire plusieurs voyages…