Voyage au centre de la terre

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La terre abrite plus de 1’000 volcans, 3’000 si l’on compte ceux qui se cachent dans nos océans. Aucun ne ressemble à son voisin, mais ils sont tous la manifestation de ce qui se trame sous nos pieds. A la fois fascinant et inquiétant, synonyme de destruction mais aussi de vie et de renouvellement, les volcans sont un témoignage extraordinaire de la puissance de la nature.

Cette passion pour ces phénomènes géologiques est née dans mon esprit alors que je voyageais au Myanmar, dans un pays où il n’y en a pas. J’étudiais la suite de mon voyage et l’Indonésie, avec ses nombreux volcans, m’est apparue comme une option intéressante. Le projet est finalement tombé à l’eau, faute de saison des pluies, mais l’idée ne m’a depuis plus quitté. Aujourd’hui j’aimerais vous faire découvrir 4 volcans qui, chacun à leur manière, ont marqué ma vie de voyageur.

La Beauté

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Je vais démarrer ce voyage autour du monde par l’Indonésie, où tout a commencé pour moi. Quoi de mieux pour gravir son premier volcan que ce pays situé en plein sur la ceinture de feu du Pacifique. C’est, pour débuter ce récit, de beauté pure que j’aimerais vous parler et j’ai donc choisi le fameux volcan Bromo pour entamer ce bal. Sis à l’intérieur d’une énorme caldeira, il offre un panorama à couper le souffle. Et comme si ça ne suffisait pas, il est accompagné, d’un côté, par un cône éteint à la forme parfaite, le Batok, et, en arrière-plan, par le Semeru, l’un des volcans les plus actifs d’Indonésie, qui relâche régulièrement un nuage de fumée. Ce triptyque fait définitivement partie des plus beaux panoramas que j’aie eu l’occasion d’admirer. Certes l’adresse est bien connue des voyageurs, et je ne suis pas seul à le contempler, là, sur le bord de cette caldeira, en attendant que le soleil se lève complétement. Mais, alors que la plupart des touristes qui m’entourent sont engagés dans un sprint qui les emmènera jusqu’à l’île voisine de Bali, moi, j’ai tout mon temps. Je suis monté à pied, je redescends à pied, dépassé par une file de jeep à la queue leu leu, qui emmènent les touristes vers leur prochaine destination. Le reste de ma journée se poursuit donc dans un anonymat presque complet, à admirer de plus près le cratère du Bromo qui rugit, et les paysages lunaires qui l’entourent. Un moment magique !

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La puissance

Deuxième destination : le Guatemala. Ce pays encore peu connu abrite quelques-uns des volcans les plus actifs du monde, dont le fameux Fuego, qui a souvent fait parler de lui ces derniers temps. Il est, pour les passionnés de phénomènes géologiques, une opportunité quasiment unique d’observation pour deux raisons : d’une part son activité est pratiquement constante depuis des siècles, et, d’une autre part son très proche voisin, l’Acatenango, un volcan éteint qui le domine de quelques centaines mètres, offre un point de vue inégalable sur l’activité incessante du Fuego. J’arrive à Antigua, base de départ pour l’ascension, courant du mois de novembre. Je suis pressé d’en découdre. Malheureusement la saison des pluies joue les prolongations et me force à partir pour le Bélize, histoire de temporiser, avant de revenir 1 mois plus tard pour tenter à nouveau ma chance. Cette fois-ci je ne lâcherai pas le morceau… La veille de notre départ pour cette aventure prévue sur 2 jours, le volcan fait des siennes et envoie une colonne de fumée de plusieurs kilomètres dans l’atmosphère.

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L’expédition est annulée mais je décide d’attendre et, quelques jours plus tard nous pouvons enfin partir à l’assaut du sommet de l’Acatenango. La marche est rude mais l’excitation déculpe nos forces. Nous arrivons au camp de base, à pratiquement 4’000 mètres d’altitude, en fin de journée. Le froid est mordant et nous ne trainons pas avant de nous réfugier dans nos tentes respectives. D’autant plus que le ciel est couvert et que nous ne voyons pas le Fuego voisin, pourtant à quelques centaines de mètres seulement. Je me sens, malgré l’optimisme de notre guide, définitivement maudit. Et pourtant, qui sait attendre reçoit… Alors que je sors au milieu de la nuit pour satisfaire un besoin naturel, je constate avec émerveillement que le ciel est dégagé. Mieux, maître Fuego a décidé de récompenser mon obstination en m’offrant un spectacle que je n’oublierais jamais. Je ne le quitterais pratiquement plus des yeux jusqu’à notre départ le lendemain matin.

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Le feu d’artifices

Il n’est absolument pas nécessaire de traverser la planète pour admirer de la lave en fusion. A un jet de pierre de la Suisse, en Sicile, se trouvent 2 des volcans les plus actifs du monde : l’Etna et le Stromboli. C’est de ce dernier que je vais vous parler. Par sa régularité chronométrique, il offre pratiquement une garantie de satisfaction à tous ceux qui prennent le temps de venir l’observer. Je pars, avec un ami, à l’assaut de cette île / volcan faisant partie des îles Eoliennes, en octobre 2019.

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Le Stromboli est entré, quelques mois auparavant, dans une activité intense qui fait suite à un paroxysme atteint en juillet de la même année. Du coup, l’ascension jusqu’au sommet est interdite. Cette petite déception est largement compensée par l’activité anormalement haute du volcan, qui nous offre une éruption toute les 5 minutes environ. Voyager sur l’île de Stromboli est plutôt simple. Nul besoin de se creuser la tête pour échafauder le meilleur plan de voyage, les possibilités se limitant aux différentes randonnées autour du volcans. A notre arrivée, nous entrons directement dans le vif du sujet avec une petite balade en bateau pour admirer la Sciara del Fuoco depuis la mer. Un autre avantage de Stromboli : il n’est pas nécessaire de se presser, le spectacle ne commence qu’à la nuit tombée. Du coup, nous prenons le temps de manger une pizza à notre retour, avant d’entamer l’ascension de 1h30 qui nous mènera jusqu’à l’observatoire, à 390 mètres d’altitude. Impossible d’aller plus loin en ce moment. Nous nous installons donc là, confortablement, et le spectacle commence. Et quel spectacle ! Les éruptions successives accrochent notre regard jusqu’à tard dans la nuit.

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L’île de Stromboli, éloignée des côtes éclairées du continent, offre de magnifiques opportunités de contempler le ciel étoilé et sa voie lactée.

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Lors de notre retour en ferry en direction de Milazzo, nous profitons de faire une petite escale sur l’île voisine de Vulcano pour nous balader autour du cratère de son volcan homonyme qui comporte de nombreuses fumerolles colorées de jaune par les cristaux de soufre. De là, la vue sur l’archipel est magnifique !

La terre de glace et de feu

L’Islande se situe juste au-dessus de la dorsale médio-atlantique. Les deux plaques tectoniques qui se séparent et partagent littéralement le pays en deux ouvrent une brèche sur le gigantesque point chaud qui se trouve sous ses pieds. Ce phénomène volcanique intense a forgé et continue à forger le paysage singulier de l’Islande. Il est responsable de quelques-unes des merveilles les plus populaires du pays, notamment les geysers explosifs et les sources chaudes naturelles.

Nous profitons, un ami et moi, d’une opportunité entre deux fermetures de frontières pour passer 15 jours de vacances en Islande durant cet été 2020, perturbé par la pandémie de Covid qui touche le monde entier. Une occasion en or de découvrir ce pays que je ne connais pas dans des conditions particulières. En effet, la fréquentation est au plus bas et nous en profitons pour entreprendre un trek extrêmement populaire : le fameux trek du Landmannalaugar. Sac au dos, avec tente et vivres pour trois jours, nous partons à l’assaut de ses 55 kilomètres de sentiers. S’il est possible de dormir en refuges, c’est en autonomie que nous décidons d’entreprendre cette marche. Après 1h30 de bus à travers des paysages qui valent déjà le déplacement, nous arrivons au point de départ de notre aventure. La météo est avec nous, beau ciel bleu en perspective.

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Ici, pas de cônes fumants. Mais la démonstration de la puissance créatrice des volcans se fait sentir tout autour de nous. Couleurs et formes s’unissent pour nous offrir un spectacle de toute beauté, qui constitue d’ailleurs la principale difficulté du trek. Elle nous empêche d’évoluer rapidement tant les paysages sont à couper le souffle. Des pauses fréquentes sont donc indispensables et sont à prendre en considération pour planifier au mieux son trek. Il serait bien dommage de se presser… Pour notre part nous avons décidé de contracter cet itinéraire, prévu généralement sur 4 jours, en 3 étapes. Deux étapes plus courtes pour débuter, les plus belles à mon avis, et les deux dernières étapes condensées en une. Finalement, plusieurs possibilités s’offrent aux randonneurs, qui pourront adapter cette randonnée en fonction de leurs envies et du temps à leur disposition.

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Changement de décor pour notre arrivée au point final de notre trek : Þórsmörk. Ici, les vallées encastrées et les paysages montagneux ont laissé place à de vastes pleines, parfois recouvertes de fleurs arctiques. La région, traversée par la rivière Krossá, offre également une multitude de possibilités de randonnées. Pour notre part, nous en avons assez, les jambes un peu lourdes, et décidons donc de nous offrir une bouteille de vin et de rentrer, en bus, le lendemain. Quel bonheur, une fois la civilisation rejointe, de profiter d’une douche et d’un bon bain chaud dans une des nombreuses piscines communales dont le pays dispose.

 

Texte et photos – Vincent Demiéville, stagiaire – 2020/2021