Terre Neuve

Fredric Norberg Découvertes

Au Canada, il y a la partie avec le Québec, la Nouvelle Ecosse et le Nouveau Brunswick, sans oublier l’île-du-Prince Edouard. Puis il y a l’ouest avec les Montagnes Rocheuses, la Colombie Britannique et l’Alberta.

Et il y a Terre Neuve ! Un très gros caillou (16e plus grande île au monde tout de même !) au large de la côte atlantique, qui est canadienne depuis seulement 72 ans. De là à dire que les Terre-Neuviens se sentent canadiens est un grand mot : ici, on est avant tout des « islanders » (insulaires), ce qui se passe sur le continent est secondaire.

1 Terre Neuve Vue cotière

J’ai eu la grande chance d’aller à la découverte de ce coin du Canada en juillet 2019 et c’est vraiment autre chose, c’est un voyage à part. On va à Terre Neuve pour profiter des vues sur les côtes et les baies, qui sont à couper le souffle. Un voyage « nature » avant tout où l’on s’intéressera à la formation de la terre : l’île est classée au patrimoine de l’UNESCO pas moins de 4 fois, notamment pour le fabuleux site de Tablelands dans le Parc National de Gros-Morne. L’aspect « nature » est accentué avec l’observation des impressionnants icebergs qui passent tout proche de la côte et qu’on pourra facilement observer aux jumelles durant les mois de juin et juillet. Enfin, pour celui qui aime les observations d’animaux, les nombreux orignaux sont très présents le long de Trans Canada Highway 1… tellement présents que certains locaux préfèrent même ne pas prendre la route de nuit, de peur de rentrer en collision avec un de ces grands animaux en chemin.

Je suis donc venu à St-John’s avec Air Canada, en passant via Montréal avec le vol direct depuis Genève. Le chef-lieu de l’île est surtout le point d’arrivée et de départ , ce n’est pas le point d’intérêt majeur du voyage. Toutefois, une excursion au lieu historique national de Signal Hill d’où on a un joli point de vue sur la ville et sur sa baie protégée est à recommander. C’est notamment ici qu’en 1901 la première transmission sans fil a été réceptionné en morse depuis la Grande Bretagne.

2 Photo Signal Hill

Nous quittons St-John’s pour aller à la découverte de la côte et notre premier arrêt va être le très joli village de Trinity, à environ 3h de route. C’est ici que nous ferons notre première croisière d’observation de baleines… sans en voir malheureusement un seul spécimen. Mais un sonar bricolé maison nous permet néanmoins d’entendre le chant des grands mammifères qui nagent sous nous, loin sous la surface de l’eau. Nous avons néanmoins un grand plaisir d’observer aussi les rivages sauvages et les diverses baies avec notre zodiac. Nous rentrons notamment dans une baie où nous comptons pas moins de 20 pygargues à tête blanche qui nichent sur les falaises.  Un spectacle fascinant ! 

3 Trinity

Le soir, nous dormons proche de Trinity à Port Rexton et je m’endors avec une vue superbe sur la Robinhood Bay, la baie de Robin des Bois !

4 Robinhood Bay

Nous quittons la région pour nous rendre vers un des hauts-lieux touristique de l’île : Twillingate. Très connu pour sa situation privilégiée pour voir les icebergs en saison, nous faisons tout naturellement une croisière pour aller à l’observation d’un bel exemplaire qui flotte à 30 minutes au large de la côte.  Sentir la présence de cette immense masse de glace qui peut à tout moment changer de position ou se retourner sur elle-même me fais comprendre combien nous ne sommes rien par rapport à la force de la nature. Aussi le bateau circule à bonne distance, car ici la devise que ça n’est que la partie immergée de l’iceberg prend tout son sens. Ce sera un des moments forts du voyage pour moi.

5 Iceberg

Quand nous revenons après la croisière, un sympathique dîner sur la plage, avec des noix de Saint Jacques au feu de bois et des homards pêchés le même jour, cuits à l’eau de mer, nous est servi au bord d’une petite crique par une cheffe locale.

6 Dinner of Homard on the Beach

Nous continuons notre découverte de l’île avec sa partie ouest : il est signaler que la grandeur de Terre-Neuve impose d’avoir beaucoup de temps à disposition, je recommande au minimum de 10 jours à 2 semaines pour s’en faire une idée. 

La prochaine étape se fera sur les traces des Vikings : en effet, la pointe nord-ouest de l’île héberge un site unique en Amérique du Nord,  reste du passage de Vikings, venus ici pour en faire un point central pour les divers voyages d’explorations qu’ils feront dans la région il y a plus de 1000 ans, soit bien avant Christophe Colomb. Découverte seulement en 1960 par des chercheurs norvégiens, le site Anse aux Meadows n’a pas encore révélé tous ses secrets. Même si la présence des Vikings dans la région n’a guère influencé la vie au quotidien, les locaux sont très fiers de ce passé : la route principale 430 qui monte à St Anthony est nommé la Viking Trail et tous les soirs, en saison, est donné un dîner spectacle Viking Feast où les « Vikings locaux » vous servent à manger. Vous aurez même la possibilité de monter sur la Pierre de la Justice pour dénoncer une injustice ou être jugé par le chef viking en personne ! Fous-rires garanties !

7 Anse of Meadows

8 Viking

Nous descendons la côte pour arriver au point culminant du voyage : l’exploration du Parc National de Gros-Morne. Ce vaste espace fait 1805 km2, soit un peu plus grand que le canton de Fribourg. Peu avant d’arriver à Rocky Harbor, nous faisons un arrêt au Arches Provincial Park qui est un site apprécié en chemin. Le parc du Gros Morne, situé de part et d’autres autour de la très jolie baie de Bonne Bay impose de loger une fois au nord de la baie et une fois au sud pour une visite plus confortable de la région. Personnellement,  j’ai trouvé la partie sud plus intéressante : déjà la vue sur Bonne Bay est très belle, surtout si vous avez la possibilité de loger en hauteur. Apprécier le spectacle d’une baleine nageant dans la baie depuis son lit reste un très beau souvenir….

9 Arches

10 Bonne Bay

C’est dans la partie sud du parc national, non loin de Bonne Bay, qu’on ira à la découverte de la zone la plus spectaculaire du parc : les Tablelands. Pour bien comprendre le phénomène géologique, il est vivement recommandé de faire un tour guidé avec les rangers du parc qui vous expliquent de façon simple et compréhensible les raisons de cette terre et rochers de couleur rouille. Quand vous prenez une pierre dans vos mains, vous sentez de suite le poids important qui s’en dégage par rapport à une pierre normale de taille similaire. La raison est qu’on marche ici en fait sur les entrailles de l’écorce terrestre : lors de la formation de la Terre, le dessous du manteau terrestre est ici resté « coincé » en surface, ce qui fait que vous avez sous vos pieds l’envers du décor. Donc pas de possibilité qu’un arbre y pousse, la terre est surtout remplie de fer ; d’ailleurs les animaux passent leur chemin car il n’y a rien ici à manger pour eux. Le spectacle est néanmoins très intéressant et vaut clairement le voyage.

11 Tablelands

Avant de commencer la longue traversée de l’île retour pour St-John’s, nous passons par un petit village de pêche à 10 minutes, pour voir la vue depuis les sommets. C’est là-haut que je me fais la promesse d’un jour revenir sur cette terre au combien belle et sauvage, épargnée du tourisme de masse et qui a encore bien des jolis coins à découvrir ou à revoir.

12 Trout River Bay