Rodrigues, paradis perdu
Il était une fois une petite île posée au milieu de l’océan Indien dans l’archipel des Mascareignes… J’ai nommé Rodrigues, véritable coup de cœur pour ma collègue Nathalie et moi-même. C’est au bout d’1h30 de vol que nous rejoignons cette petite sœur de l’île Maurice, administrativement proche et pourtant si lointaine au sens propre comme figuré. Ici le temps semble s’être arrêté, quelques rares touristes attendent leurs bagages dans ce minuscule aéroport, pas d’hôtesses d’accueil pour emmener les vacanciers vers leur complexe hôtelier. Notre chauffeur nous attend à bord de son pick-up et nous emmène en direction de Port Mathurin, chef-lieu de l’île. Après le sud luxuriant de l’île Maurice, ce qui nous frappe en premier lieu est une végétation très sèche, on se demande de quoi se nourrissent les vaches qui paissent le long des routes. Et partout, cette vue incroyable sur le lagon, superbe mélange de toutes les nuances de bleu, du turquoise au cobalt.
Samedi, jour de marché, c’est au son du séga que nous débarquons dans le centre coloré de la petite ville. Nous déambulons au milieu des stands d’achards et d’ourites séchées (poulpes), la spécialité locale que nous finissons par déguster sur une jolie terrasse, un vrai régal ! Deyna qui a fait le voyage avec nous depuis Maurice nous rejoint après avoir fait le plein de provisions. Elle nous explique que pour elle venir à Rodrigues c’est un peu comme faire un saut dans le passé, c’est un peu le Maurice d’il y a 30 ans en arrière. La vie semble s’écouler plus lentement sur ce petit caillou fait en gros de 18 km de long sur 8 km de large, et est qui est entourée d’un immense lagon qui représente le double de sa surface.
L’après-midi, place à la balade digestive. Un joli sentier longe le littoral à travers les filaos jusqu’à l’un des trésors du coin, le Trou d’Argent. Une superbe crique abritée par d’imposants rochers. Nous sommes seules au monde et regrettons de ne pas avoir de maillots de bains pour profiter des eaux translucides. Un coin abrité qui est aussi idéal pour le snorkeling, il faudra revenir…
La fin de la journée approche et c’est dans un cadre enchanteur que nous allons poser nos valises : le Bakwa Lodge. Petite structure pleine de charme où la propriétaire nous accueille avec un sourire bienveillant. Les 6 bungalows en bois blanc dominent l’immense plage en contrebas et les immenses terrasses sont une invitation à la rêverie.
Le lendemain, après un bon petit-déjeuner, nous entamons une journée de visites d’hôtels. Ici, pas de grandes structures, pas de grand luxe non plus, mais un coup de cœur pour le Tekoma Boutik Hotel et le Bakwa Lodge où nous avons séjourné. En cours de route, nous visitons aussi plusieurs centres de kite-surf, car avec un vent soutenu quasi toute l’année et son immense lagon, Rodrigues est aussi devenue l’une des Mecque mondiale du kite. Avis aux amateurs…
Avec sa topographie vallonnée et sa végétation aux allures de savane, le bleu du lagon parait encore plus intense et nous accompagne tout au long de la journée. Nous nous sommes levées trop tard pour observer les piqueuses d’ourites à l’œuvre aux premières lueurs du jours, mais en traversant les petits hameaux nous aurons l’occasion de les observer sécher au soleil et se balancer aux gré des alizés en compagnie parfois des saucisses.
Notre rapide séjour touche déjà bientôt à sa fin, mais avant de repartir en direction de l’aéroport, un crochet par la réserve François Leguat s’impose. Ici les tortues géantes qui peuplaient l’île ont été réintroduites avec succès et c’est en toute liberté que l’on peut se balader parmi ces géants aux allures préhistoriques. A l’heure d’admirer une dernière fois le lagon depuis le hublot de l’avion qui nous ramène à Maurice, une chose est certaine : nous reviendrons !
