Mes 7 bonnes raisons d’aller parcourir la RN7 de Madagascar

Olivier Jeannier Découvertes

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Indépendante de la France depuis 1960, Madagascar possède aussi sa Route Nationale 7. La fameuse « route des vacances », longue de 996 km qui part de Paris pour se terminer à Menton, a donc son homonyme qui débute à Antananarivo pour finir à Tuléar, 980 km plus loin. Rouler sur la Nationale 7 dans les années 60, c’était déjà être en vacances, peu importe le temps que l’on y passait. Ce qui comptait vraiment c’était de vivre pleinement l’aventure de la « route enchantée ». Ce fut également mon ressenti (un enchantement) lors de mon voyage sur ce trajet malgache qui serpente entre rizières, hauts plateaux et villages. Surnommée « route bleue » en France, c’est également sur un itinéraire ensoleillé qui se termine en bord de mer que j’ai pu découvrir un pays « coup de cœur » en compagnie d’un guide exceptionnel.

Voici donc 7 bonnes raisons de retenir cet itinéraire pour votre prochain voyage, (7) c’est assez (cétacé) …

Une route en bon état

Parsemée également çà et là de bornes Michelin comme en France, je m’attendais, dans un pays soumis à des crises économiques, à des routes parfois entachées de nids de poule ou à des sections non asphaltées. Que nenni, si certains rares secteurs paraissent à la longue un peu trop sinueux, l’ensemble du trajet se déroule sans encombre, surtout avec un bon chauffeur expérimenté que votre agence saura vous trouver. Bonne surprise donc du côté de l’état de la route.

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Des hébergements coup de cœur

Quand on approche, par la RN7, de la lisière du Parc National d’Isalo (le plus visité du pays) au crépuscule, les massifs rocheux ocre en grès s’accroissent et les derniers rayons du soleil invitent le photographe à la contemplation et aux clics. Juste derrière, au pied d’un rocher, un hôtel a vu le jour : le Satrana, un lodge de charme à la déco originale notamment avec ses superbes accessoires du mobilier en aluminium (fabrication locale bien sûr). Eloigné de la civilisation : pas de voisinage, électricité seulement à heures fixes, c’est dans de confortables et vastes tentes en canvas – où l’on imaginerait presque arriver un lion devant la terrasse – que l’on s’installe. D’ici, le parc de l’Isalo n’est qu’à quelques kilomètres, mais les abords de l’hôtel regorgent de sentiers aux points de vue somptueux. Toutefois je n’y ai vu aucun autre résident du lodge… Dommage pour eux, tant mieux pour la quiétude des lieux qui m’ont marqué aussi bien à l’aube qu’au crépuscule.

Les Chambres du Voyageur : voici un merveilleux établissement à Antsirabe. Tout est réuni pour un séjour réussi. L’accueil, la chambre très propre et décorée avec goût, le petit-déjeuner formidable avec des produits frais, le jardin de 6000 m2 (où résident oiseaux, tortues, tilapias, caméléons…) magnifié par le propriétaire passionné Andrew et le personnel souriant aux petits soins. Le couple franco-malgache qui possède l’établissement est là pour un accueil mémorable. J’invite tous les voyageurs à y passer car l’établissement est aussi engagé socialement.

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Tsarasoa : quel privilège tout simplement d’avoir pu séjourner à Tsarasoa. Il est incroyable que de tels lieux existent. Une découverte exceptionnelle à quelques kilomètres de la RN7. Bravo au charismatique précurseur, l’inspiré grimpeur Gilles Gautier, pour avoir découvert un tel site dans les années 90, puis d’y avoir construit un lodge superbe et original. Pour son engagement pour la planète (reboisement avec ses immenses pépinières) et en faveur de la population, un grand clap ! Grimpeurs, randonneurs, amoureux des grands espaces, cet endroit est une perle. Le jeune guide et barman Taovina est précieux, la masseuse aveugle Claudette a un sourire rayonnant et représente à elle seule la joie de vivre, tout comme le jeune cuisinier/serveur constamment en train de rire.

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Des guides qui enchantent dans de merveilleux sites ou parcs prétextes à de belles randonnées

Lors de cette descente nord/sud-est de la RN7, même accompagné de mon fabuleux guide, les visites des parcs nationaux malgaches se sont déroulées avec des guides locaux attitrés des lieux (règlement oblige). L’occasion de faire de belles rencontres, d’en apprendre beaucoup sur les lieux et de bénéficier d’yeux affûtés pour trouver les animaux que le néophyte n’aurait jamais vu. Certains parcs comme Ranomafana possèdent même des pisteurs qui tentent de repérer en aval, les lémuriens.

Alphonse, guide qui a su s’adapter à mon rythme rapide, est aussi président d’une association qui a pour but de scolariser davantage d’enfants de son village (selon un rapport de la banque mondiale, 90 % des enfants malgaches de moins de 10 ans ne savent pas lire). Il fut un agréable accompagnateur jusqu’au sommet du mont Ibity (2254 m, 14 km, +- 1000 de dénivelé). Il a pu me montrer des cavités karstiques incroyables, et, en fin de balade, devant de superbes rizières, trouver une cascade bienvenue pour une baignade rafraichissante et apaisante.

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• Au parc de Ranomafana, grâce aux liens tissés par mon guide-chauffeur avec elle depuis plusieurs années, j’ai pu bénéficier de l’expertise d’une formidable guide. Grâce à ses précieuses explications et à sa connaissance impressionnante du terrain, j’ai admiré les 5 espèces de lémuriens du parc et bien plus encore avec des échanges intéressants sur la vie de femme-guide dans un milieu masculin.

• Si vous passez par le parc d’Isalo un jour, n’hésitez pas à demander à Vincent s’il se souvient des 23 km et + 1100 m de dénivelé (son record) sous 35 degrés parfois, parcourus ce jour-là avec un randonneur fou :-).

Artisanat, éco-tourisme, petits achats…
Au fil de la route, les occasions de s’arrêter découvrir des métiers que nous qualifions « chez nous » d’autrefois sont grandes. Vous y verrez de nombreux exemples d’habileté et d’ingéniosité qui sont souvent nés de la nécessité.

• La fabrique de marmites en aluminium à la fonderie d’Ambatolampy est très marquante avec l’utilisation de la latérite et surtout la préparation et l’écumage de l’aluminium en fusion à quelques centimètres des pieds parfois nus des ouvriers. Ces marmites, nous les reverront souvent ensuite dans des foyers, sur les marchés du pays, au restaurant… De jolis objets statuettes, des cendriers et animaux miniatures emblématiques du pays sont disponibles à la vente sur place.

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• J’ai admiré les doigts de fée, la patience et l’excellente vue des dames qui font des merveilles dans leur atelier de broderies faites main vers Ambalavao. Géré par des femmes formées à une technique de broderie spécifique par une française, les motifs colorés vus sont superbes (on dirait des peintures) et se déclinent sous forme de scènes de vie quotidiennes sur sacs, trousses de toilette, toiles, t-shirts… !

• J’ai aussi été surpris, lors d’une démonstration par une famille souriante et fière, par leur façon de faire des cordages à base de Sisale, cette plante bordant les routes en grand nombre et qui ressemble à l’aloé.

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• Cà et là dans les villages, il est aussi possible de s’arrêter admirer du tissage de châles en soie et colorants naturels. Un métier souvent réservé aux femmes.

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• A Ambositra, il est possible d’assister (par un membre de l’ethnie Zafimaniry) à une démonstration de marqueterie et de sculpture sur bois dans le pays des fameux ébènes, palissandres et bois de rose. Ce travail des Zafimaniry est même considéré comme un artisanat traditionnel inscrit aujourd’hui comme Patrimoine culturel mondial de l’UNESCO.

• Autre visite intéressante, le papier Antaimoro (une ethnie qui en est à l’origine) qui devient tout simplement un véritable chef d’œuvre lorsqu’il est bien décoré avec des pétales de rose ou de fleurs séchées de différentes couleurs. Cette variété de papier fait à base de fibres végétales, le voyageur en découvre le « process » lors d’une visite didactique.

Je vous invite donc, devant la qualité de l’artisanat local, de prévoir un petit budget « souvenirs » pour remplir vos valises. Et comme la franchise pour Madagascar est de 2 x 23 kg, même en classe économique, je vous conseille d’en apporter deux bien remplies puis de vous délester de surplus le long du chemin (dons divers possibles) en les remplissant d’artisanat…

Nourriture et fruits

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« Tous les fruits poussent sur nos terres sauf le kiwi et les cerises » m’a signalé avec fierté mon guide ! Que du bonheur donc… surtout que c’était encore la saison des mangues. Vers Ranomafana, j’ai même vu la saison des litchis démarrer et ces gros paniers remplis de fruits roses allaient sans doute bientôt alimenter nos étals pour Noël.

Savez-vous que le foie gras est aussi une spécialité malgache ? Sur place, j’ai dégusté un succulent magret de canard (à la sauce baie rose et vanille). Comme le riz (vary) est la nourriture de base, j’ai eu le plaisir d’en goûter à toutes les sauces mais aussi « nature » avec des saveurs bien différentes. En accompagnement, j’ai remarqué comme à la Réunion que les malgaches nomment « brède » à peu près tout ce qui est vert (légume, feuilles…).

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Ah la viande de zébu ! Mon guide me signale que son fils étudiant en France rêve nostalgiquement très souvent d’un bon plat à base de cette viande de bœuf dont il n’arrive pas à retrouver le goût dans un steak de France. A Madagascar, j’ai noté qu’un plat de zébu est moins cher qu’un plat de porc, ce qui est rare dans d’autres pays. Les zébus ont été importés d’Afrique (ou d’Inde) il y a longtemps. Il y a à présent au moins 10 millions de têtes de zébus dans le pays. Ceux-ci servent à tout ! Viande et lait, peau pour la tannerie, cuir pour les chaussures, corne pour les objets d’art, sabot transformé en poudre pour soigner les maux de tête…

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En bord de mer, ne manquez pas les merveilleuses cigales de mer de la région de Tuléar, à mon avis encore meilleures que le homard et la langouste. Non testé, j’ai toutefois appris lors de ce voyage que Madgascar est le 5e producteur de caviar au monde. Ce que j’ai par contre essayé, c’est l’eau du riz : la boisson malgache la plus traditionnelle et la plus économique appelée « ranon’ampango », eau qui a rebouilli dans la marmite de riz avec la croûte attachée au fond. Si cette eau chaude et ambrée est saine et désaltérante, elle peut être néanmoins amère quand le riz a franchement brûlé.

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Enfin, on peut bien sûr agrémenter ses repas de vins sud-africains (quasi des voisins) mais sachez que la bière locale est très bonne et que le pays vinifie de bons crus, toutefois les vendanges ont lieu à Mada en… février.

Une faune riche

Bien sûr il y a les lémuriens, pas toujours évident à trouver et qui m’ont fait chavirer de bonheur à chaque observation. Et puis, quand on en voit une espèce on veut en trouver une autre, alors on cherche et on ne trouve pas toujours car il en existe officiellement cinq familles, 15 genres et 101 espèces et sous-espèces. Si je m’attendais à encore plus de variété d’oiseaux, les espèces observées étaient souvent endémiques, donc jamais vus auparavant et du coup de grand intérêt pour l’ornithologue amateur que je suis.

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L’émerveillement est venu de l’observation des divers caméléons, geckos ou lézards : 197 espèces, rivalisant parfois de beauté, de couleurs, ou de mimétisme pour séduire, attirer ou tout simplement échapper à la prédation. Bon à savoir, pas de serpents dangereux sur l’île-continent !

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Un itinéraire de toute beauté qui se termine en apothéose au bord de l’océan Indien à Mangiliy, vers Ifaty

De plus en plus aride quand on approche du sud-est, la RN7 traverse des zones où l’on manque d’eau potable. A ce propos, les kilomètres qui précèdent Tuléar sont le prétexte à vous débarrasser de bonne façon de vos bouteilles d’eau en plastique. En effet, vous ferez des heureux en distribuant çà et là en bord de route vos bouteilles remplies préalablement au robinet de votre dernier hébergement.

La RN7 se termine à Tuléar (dont le petit chien blanc de race Coton de Tuléar est originaire). Le chauffeur emprunte désormais la RN9 sur 27 km par une route nouvellement goudronnée jusqu’à à Mangiliy. Après de nombreux kilomètres sur les sentiers et sur les routes, il est temps de se reposer un peu et de se détendre dans un hôtel pieds dans l’eau. La saison des baleines est terminée mais une sortie en pirogue à voile et à balanciers avec le peuple de la mer, les Vezo est recommandée (snorkeling possible). Bien évidemment, une petite promenade quotidienne sur le sable blanc et fin de la région constitue aussi une expérience agréable. Bonus, alors que j’imaginais le lieu réservé aux seuls plaisirs de la mer, je signale aux amoureux de nature qu’il est possible de partir, avec un guide, explorer la belle forêt se tapissant derrière le village. Le but étant alors de découvrir une flore exceptionnelle, dont de superbes baobabs. Les amoureux de kit surf pourront même prendre des leçons avec un prof de 70 ans et les plongeurs se verront offrir baptêmes ou plongées plus spectaculaires.

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Le retour pour l’emblématique capitale Antananarivo s’effectuera en avion faute de temps, des images fortes plein la tête.