Roadtrip automnal au pays des trolls

Petra Bies Découvertes

11

Qui dit Norvège dit souvent « soleil de minuit » ou « aurores boréales », en gros été ou hiver. Oui mais voilà, la destination a la cote, et quand comme moi on prévoit ses vacances à la der’ il vaut mieux partir hors saison. C’est donc début octobre que je m’envole à destination de Bergen, car finalement les couleurs automnale ça doit être sacrément beau !

Ma première journée dans la ville hanséatique aura presque raison de mon optimisme météorologique. Une pluie battante s’abat sur la ville, il fait à peine 10°C et un épais brouillard flotte sur les collines environnantes. Qu’à cela ne tienne, je vais tout de même visiter les ruelles du vieux quartier coloré de Bryggen et je finis dans une boutique qui vend des décorations de Noël, histoire de me mettre dans l’ambiance!

Le lendemain, réveil matinal pour partir en direction des fjords. Premier arrêt à Flåm où les géants des mers, ces paquebots de plusieurs étages, font escale. Je ne m’y attarde pas bien longtemps… Je reprends la route en traversant le plus long tunnel routier au monde (près de 25 km !) agrémenté d’étonnants jeux de lumières et je m’arrête de l’autre côté dans le paisible village de Laerdal avec ses belles maisons en bois datant pour certaines du 16e siècle.

1

J’embarque ensuite sur le premier ferry de mon voyage pour atteindre mon étape du jour : Skei y Jølster. Les sommets aux alentours ont été comme saupoudrés de neige et mes premiers rayons de soleil viennent embraser les arbres. J’en profite pour découvrir les environs à pied.

2

S’il y a un fjord dont on entend souvent parler c’est celui de Geiranger, le plus profond, le plus impressionnant, les superlatifs ne manquent pas et ce n’est certainement pas pour rien qu’il est classé à l’UNESCO.

3

N’ayant pas le temps d’entreprendre une randonnée de plusieurs heures pour admirer certains points de vue, je décide d’allier l’utile à l’agréable : embarquer pour une croisière avec ma voiture pour gagner du temps et arriver au fond du fjord en bateau. Je ne serais pas déçue même si la pluie a fait son retour en force. Arrivée dans le petit village de Geiranger, j’ai toutes les peines du monde à trouver un restaurant ouvert pour prendre des forces avant d’attaquer la route qui me mènera au Trollstigen (littéralement « l’échelle des trolls »). La route monte et monte et monte… Les paysages sont splendides, la neige a fait son retour et je me fais couper le chemin par un groupe de skieurs en peau de phoque ! Arrivée au point de vue, ce sont près de 30 cm de neige fraiche qui recouvrent les marches. Moi qui ai déjà le vertige en temps normal, je n’en mène pas très large.

4

Le saviez-vous ? La Norvège compte 18 « routes touristiques », toutes équipées de points de vue, d’aires de repos et même de WC conçus par des étudiants de l’école d’architecture et de design d’Oslo. 

Hors saison sur la route il n’est pas toujours aisé de trouver un restaurant (les supermarchés sont quant à eux ouverts jusqu’à 23h même dans les plus petites villes !), alors lorsque j’arrive à Ålesund, mes papilles sont en alerte et j’en profite pour goûter aux délices de la cuisine scandinave. Avec son centre-ville Art Nouveau, la ville a un certain flair qui se découvre facilement à pied.

5

De là, quelques dizaines de kilomètres, ponts et ferrys me permettent de rejoindre la très célèbre « Route de l’Atlantique ». En hiver, lorsque la houle est trop forte, la route peut parfois être fermée et je comprend assez vite pourquoi. Sur la toute dernière portion de la route, ce sont une succession d’îlots qui sont reliés entre eux par des ponts aux contours audacieux. Elle est belle certes, mais bien plus courte que je ne l’imaginais.

6

Le lendemain, je quitte la côte pour m’enfoncer dans la profonde vallée de Romsdal. Les paysages changent au fur et à mesure que j’avance, la région des fjords laisse place à une nature brute, encore plus sauvage. De l’autre côté le Parc National de Dovrefjell s’étend à perte de vue et m’évoque des paysages de toundra. C’est l’habitat du boeuf musqué que j’attendrai sans succès pendant près de 2h au refuge de Snøhetta.

7

Mon meilleur ami durant mon périple aura été le site vegvesen.no : l’état des routes, leur ouverture et fermeture est géré en temps réel. Seul bémol, il n’est disponible qu’en norvégien. En octobre, de nombreuses routes peuvent déjà être fermées à cause de la neige. C’était le cas de la célèbre route 55, mais le matin même, alors que je prévoyais un long détour, elle a été ré-ouverte l’espace de quelques heures. Après une rapide visite de l’église de Lom, un café et un « kanelbullar » je m’engage sur la route, je devais être la première ce matin là à l’emprunter dans ce sens. Seule au monde, des paysages presque irréels et quelques belles montées d’adrénaline avec ma petite clio sur la neige!

8910

Avant de boucler la boucle et de repartir en direction de Bergen, je m’offre un dernier point de vue spectaculaire sur le Sognefjord, et c’est finalement sous le soleil que je retrouverai mon point de départ. Bilan de ma semaine : 1770 km, 10 ferrys, des dizaines de tunnels, des paysages extraordinaires, des routes épiques et des images plein la tête, un vrai roadtrip : je reviendrai pour trouver les trolls !

12

13