Couleurs du Sénégal

Baobabs sur la route

Grande amatrice d’Afrique, je n’avais encore jamais posé le pied en Afrique de l’Ouest. C’est donc piquée par la curiosité (et sans véritables attentes je dois le confesser) que je m’envole pour Dakar. Première surprise à l’arrivée : le tout nouvel aéroport Blaise-Diagne est posé au milieu de la campagne, sans une habitation en vue dans les environs. C’est donc sans l’ombre d’un embouteillage que mon chauffeur m’amène en direction de mon hébergement de charme, le Gîte du Lac, blotti sur les rives du lac Rose à une heure à peine de l’aéroport. De petits sentiers de sable me conduisent jusqu’à ma charmante case, au confort simple mais très typique. L’heure est tardive, la découverte des lieux se fera à tête reposée le lendemain.

Gîte du Lac

Au réveil c’est un véritable coin de paradis qui s’ouvre à mes yeux : le lac scintille sous le soleil matinal, des arbres abritent de leur ombrage de petites cases colorées, et le petit-déjeuner s’annonce savoureux. Coup de cœur pour l’endroit, qui restera l’une de mes adresses favorites dans le pays…mon séjour débute sous de magnifiques augures ! Dans la matinée, je retrouve mes compagnons de voyage et nous partons pour une traditionnelle balade en barque sur le lac, dont les eaux rosâtres et très salées seront ensuite l’occasion de profiter d’un bain insolite….en effet je flotte comme sur les eaux de la Mer Morte, sans le moindre effort ! 

En route pour Kayar

Nous partons ensuite en camion 4×4, en traversant tout d’abord les dunes puis sur l’immense plage de la Grande Côte, site de l’arrivée du mythique Paris-Dakar. Nous arrivons au marché de Kayar, troisième port de pêche artisanale du pays. Les chiffres annoncent la couleur : 7000 pêcheurs à bord de quelques 1500 barques traditionnelles fourmillent ici ! Le spectacle est particulièrement impressionnant et haut en couleur, des milliers de poissons étant vendus à même le sable, en quelques heures. Du jamais vu pour ma part, constituant une étape fascinante bien que presque un peu trop prenante pour mon estomac sensible. Par contre 100% authentique, on croirait remonter dans le temps.

Marché aux poissons de Kayar

Une fois sortis de cette animation frénétique, nous mettons le cap vers le nord et la petite ville de Saint-Louis, qui entretient avec fierté les souvenirs glorieux de l’époque de l’aéropostale. En effet, elle fut autrefois le point de ravitaillement entre Toulouse et Natal au Brésil pour le célèbre Jean Mermoz. Nous irons d’ailleurs boire un verre à sa santé dans son bar favori, situé dans le bien nommé Hôtel de la Poste. Ambiance désuet mais chaleureuse garantie !

Le lendemain une petite balade en calèche nous permet de découvrir tranquillement les charmes de la ville, avant de rejoindre la fameuse Langue de Barbarie, une bande de terre étroite située en face de Saint-Louis. Après la visite d’une énorme et turbulente colonie de pélicans, nous nous installons pour un après-midi détente au fantastique Océan et Savane Lodge, blotti entre le fleuve et l’océan. Cottages et tentes confortables sont éparpillés dans cette splendide propriété, des hamacs se balancent paresseusement au bord du fleuve et une piscine à débordement complète le tableau…nouveau coup de cœur, et cette fois tout le monde voudrait prendre racine ici pour les trois prochains jours. 

Pélicans Langue de Barbarie

Océan & Savane

Mais la suite de notre voyage nous attend et nous reprenons donc rapidement la route en direction du sud cette fois, pour un changement radical de décor : au programme ce soir, ambiance Sahara le temps d’une nuit sous les étoiles du désert de Lompoul. Un superbe décor de dunes orangées s’offre à notre regard, et le coucher du soleil s’annonce déjà inoubliable. A notre arrivée, nous nous installons dans des tentes traditionnelles mauritaniennes, avec une salle de bain à ciel ouvert. La douche sera tiède et avec peu de pression, mais suffisante pour se rafraîchir et un véritable luxe dans ce contexte. Puis nous partons pour une petite balade à dos de dromadaire, afin d’apprécier de plus près ces superbes paysages dans la douce lumière de fin de journée. Pour conclure, nous savourons le traditionnel dîner local : couscous de chevreaux, thé et surtout…festival de jembés autour du feu. L’ambiance est particulièrement chaleureuse et il est difficile de résister aux sénégalais qui nous exhortent à danser…

Lampoul camp

Lampoul SB

Lompoul

Lompoul dromadaire

Après un lever de soleil magique sur les dunes, nous poursuivons notre périple en direction du sud pour l’une des plus spectaculaires régions du pays : le célèbre delta du Sine Saloum. Cette vaste réserve naturelle est composée de centaines d’îles, de « bolongs » (petits bras d’eau façon Amazonie) et de bancs de sable. C’est dans le paisible village de Toubacouta que nous nous installons, à Keur Saloum, un petit hôtel de charme posé au bord du fleuve, entouré de mangrove et visité par des singes curieux. On ressent une ambiance de bout du monde dans ce coin de paradis oublié de l’Afrique, pourtant d’une beauté exceptionnelle. Nous savourons la quiétude de la fin de journée et le soleil rougeoyant sur la mangrove.

Keur Saloum

Sine Saloum sunset

Le lendemain, nous partons explorer ce labyrinthe de bras d’eau en bateau à moteur. Ici, Mère Nature règne en maître et nous avons l’impression de pénétrer dans un sanctuaire bien gardé, refuge de milliers d’oiseaux. Nous explorons la mangrove et ses occupants, avant de débarquer sur un « îlot à coquillages », couvert littéralement de centaines de milliers de coquilles au point de créer une véritable île. Ici nous nous baladons afin de découvrir la forêt et ses baobabs, puis poursuivons en bateau jusqu’au minuscule village de Sipo. Parfaitement traditionnel, il comporte une centaine d’habitants, répartis en trois ethnies et trois religions. Nous rencontrons la « Reine de Sipo », une charmante grand-mère qui garde la mémoire de son village. Elle nous réserve un accueil chaleureux dans sa case, et nous bavardons le temps d’un thé. Retour dans le temps, car elle se souvient des premiers blancs qui ont débarqué ici, il y a fort longtemps…

Reine de Sipo

Emus par cette rencontre improbable, nous partons ensuite vers un campement écologique, posé sur un bras du fleuve. Au programme : barbecue de poissons sur la plage, baignade dans les eaux parfaitement propres et chaudes du bolong, puis petite sieste digestive dans les hamacs. Dolce vita façon sénégalaise en somme…Pour terminer notre journée, nous repartons en bateau au fil des bolongs, pour rejoindre un « dortoir à oiseaux ». Si le nom me fait tout d’abord sourire, je réalise vite qu’il n’y aurait pas de terme plus adapté : nous arrivons en effet devant un énorme massif de palétuviers, dans lequel des centaines d’oiseaux viennent s’installer pour la nuit dans un vacarme invraisemblable ! Chacun semble se battre pour la meilleure place, et tout ce petit monde virevolte dans le désordre le plus complet. Nous observons longuement leur fascinant ballet, avant de rentrer vers le lodge à la tombée de la nuit. Journée émotion dans ce bijou d’Afrique de l’Ouest….

Dortoir à oiseaux Sine Saloum

C’est donc le cœur lourd que nous quittons ce jardin d’Eden, pour reprendre la route vers la civilisation. En arrivant à la frénétique Dakar, le choc est le plus total : chaos et chaleur accablante nous donne envie de fuir la capitale, et de retrouver au plus vite le calme de la mangrove ! Mais contre toutes attentes, notre dernière nuit sera là aussi un coup de cœur. Nous échappons au tourbillon de la ville à bord d’une chaloupe à destination de la petite île de Gorée. Et miracle en débarquant : ici pas de voitures, pas de pollution, uniquement des sentiers en sable, des maisons colorées bordées de bougainvilliers, des petits restaurants face à la mer et un minuscule hôtel de quatre chambres dans un patio fleuri…. Malgré son passé tragique de port majeur du temps de l’esclavage, l’ambiance aujourd’hui est paisible, familiale même. Nous visitons la Maison des Esclaves, qui propose une exposition émouvante et très instructive sur cette triste période, avant de monter au sommet de l’île pour profiter d’une vue à 360° sur la mer et Dakar. Notre soirée se terminera dans un joli petit restaurant, pieds dans l’eau face au couchant. Qui aurait cru trouver autant de quiétude, à seulement 20 minutes de bateau de la capitale ?

Gorée

C’est donc stupéfaite d’autant de découvertes à seulement quelques heures de chez moi que je repars vers notre belle Suisse, des souvenirs plein la tête dans un tourbillon de paysages, de senteurs des marchés, et de rencontres humaines touchantes. Car le meilleur du pays réside peut-être dans ses habitants, d’une hospitalité et d’une gentillesse incroyables, rieurs comme pas deux. Ajoutez à cela la facilité d’accès (pas de visa), le peu de décalage horaire, un pays parfaitement sûr et francophone, sans compter de superbes plages où finir son circuit, et vous comprendrez qu’un petit bijou n’attend que vous à seulement 5-6 heures de vol de la maison…