Le Mexique hors des sentiers battus

Andréanne Kohler Découvertes

Maxime à Teotihuacan

8h de vol (oui vous avez bien lu, 8h !), c’est le temps qu’il faut pour rallier Sao Paolo au Brésil à Mexico City (CDMX pour Ciudad de Mexico), la capitale du Mexique. 21 ans que je n’avais posé pied ici et ce dont je me souvenais, c’était l’étendue infinie de la ville et son Zocalo (pour désigner « place ») gigantissime. L’un comme l’autre impressionnent toujours autant ! 

Si le but initial était un passage assez bref par la capitale avant de rejoindre la côte Pacifique puis le nord, la météo (décidément, nous sommes malmenés à ce niveau-là depuis quelques temps) me pousse à changer mes plans. En effet, Willa l’ouragan s’approche dangereusement des côtes du Pacifique, pile poil là où nous voulions aller, et des pluies diluviennes sont annoncées. Ainsi nous posons nos bagages à CDMX le temps de faire une pause. Ceci s’avérera être un excellent choix – tant par rapport à la météo que par rapport à nous : après 8 semaines d’itinérance quasi incessante, un peu de sédentarisme allait faire du bien autant à la maman que je suis qu’à Maxime, qui suivait joyeusement le rythme soutenu du voyage. 

Nous nous installons dans un petit studio du quartier bobo de La Condesa et c’est avec plaisir que nous découvrons une capitale dynamique et culturellement pleine de bonnes surprises. A signaler qu’à La Condesa, si tu n’as pas de chien tu n’es rien ! Alors pour ne pas être « rien », des chiens (des mascotas en mexicain) sont à louer pour une promenade dans un des nombreux parcs. Drôle non ? 

Avant tout je voulais que mon fils en sache un peu plus sur les civilisations qui avaient fondé le pays – chose facilement faite en visitant le superbe musée d’anthropologie. Il nous a permis de découvrir ensuite avec un peu plus de compréhension le site de Teotihuacán, illustré par les pyramides du Soleil et de la Lune. Avec un peu de condition physique, leur sommet est encore accessible (ce qui n’est pas le cas de toutes les pyramides du Yucatán) et elles offrent un panorama exceptionnel sur ce que fut à l’époque une cité de près de 200’000 habitants. C’est un classique de la région de CDMX, mais cette excursion est fascinante autant pour les parents que pour les enfants. 

Toujours dans l’esprit des civilisations ancestrales et de leurs cérémonies, nous décidons de purifier et protéger notre âme sur la place du Zocalo. Les locaux font une longue queue pour se faire « nettoyer » (fouetter presque !) par un bouquet de basilic puis encenser par de l’encens brûlé sur du copal (charbon) – alors pourquoi pas nous ? Si cela nous a rendu meilleurs pour les prochains jours ? Mais bien sûr que oui ! 

Musée de la Téquila et du Mezcal, balade en barque sur les canaux de Xochimilco, musée Frida Kahlo ou encore pédalo au parc de Chapultepec – les occupations sont nombreuses et ajustables en fonction des désirs. En outre, le réseau du métro et des métro-bus est dense et très bon marché ce qui permet de se déplacer rapidement (rapidement restant relatif au vu de la superficie !) et en sécurité. Bonus imprévu pour nous : nous étions à moins de 2 semaines du 1er novembre, la fête des morts. Hautement célébrée, les jours qui la précède sont synonymes de défilés, de déguisements, de nombreux autels décorés et remplis d’offrandes, d’expositions… si vous en avez la possibilité, optez pour cette période pour visiter CDMX, c’est un petit plus qui ne se refuse pas !

Purifiés ? Fête des Morts

C’est donc reposés que nous atterrissons à Chihuahua, au nord du Mexique, pas très loin de la frontière avec les États-Unis. Nous avons contourné l’ouragan et pouvons nous réjouir de l’aventure qui nous attend : un voyage en train de 652 km qui va nous mener à Los Mochis, au bord du Pacifique. Pour l’anecdote, à l’époque où je donnais des cours aux jeunes apprentis agents de voyage, je parlais toujours de ce train, Le Chepe, en disant que c’était à recommander aux personnes qui avaient déjà visité le Mexique classique et qui demandaient quelque chose « hors des sentiers battus ». Je confirme entièrement ce que j’enseignais, mais j’ajouterais : « vous pouvez garantir à vos clients qu’ils vont adorer cette découverte différente et la rencontre avec un peuple authentique qui ne parle en règle générale pas un mot d’anglais, ne connaît pas Mac Donald et vous sert des tacos et encore des tacos ». 

El Chepe !

Si le choix des étapes demande quelques bonnes connaissances du parcours et des diverses possibilités (pensez à consulter vos agents de voyage !) le voyage, s’il est bien ficelé, est ensuite un pur enchantement. Le train (locomotive à vapeur, wagons confortables mais pas surfaits (du moins si l’on voyage à bord du Chepe Regional) traverse, en partant de Chihuahua, des paysages sauvages à une altitude d’environ 2200 à 2400 m. Après 6h de trajet nous arrivons à Creel. Un village au milieu des forêts, une région habitée par les Tarahumaras, un peuple réservé qui ne se mélange pas et qui vit partiellement dans des grottes. Outre la visite des environs, nous nous rendons également à la . 2h30 de route à travers les pins et les chênes, splendide. Puis une très belle randonnée (assez physique mais faisable avec des enfants marcheurs) mène au pied de la chute d’eau : 276 m. Pas mal quand même ! 

Cascade de Basaeachi

Env. 2h de train plus loin, toujours en altitude, nous atteignons le célèbre canyon du Cuivre. C’est ici la partie la plus spectaculaire de tout le trajet et il est absolument recommandé de s’y arrêter 1 à 2 nuits. Les logements sont certes soit très simples, soit de catégorie moyenne mais très chers. Néanmoins la découverte du canyon est magnifique. La journée s’organise en fonction des intérêts, et dans notre cas en fonction de l’âge et du poids de l’enfant. C’est le point négatif : autant les activités (adrénaline garantie) sont nombreuses pour les ados et adultes, avec les plus jeunes cela reste limité. Mais pas déçue pour ma part, de toute manière je n’étais pas prête à survoler le canyon sur 2.5 km en zipline à 135km/h ! Je vous mets au défi de le faire ? 

Après Divisadero le paysage change et les ponts (86) et tunnels (37) se suivent interminablement. Personnellement je conseille aux voyageurs de sortir du train à El Fuerte plutôt que de poursuivre jusqu’à Los Mochis. C’est plus rapide et la dernière partie se fait de toute manière de nuit. 

En ce qui nous concerne ce sera « chaud » ! Je nous ai réservé pour la même nuit un ferry qui doit nous mener en Basse-Californie… Nous arrivons à 22h20 à la gare, soit avec 1h de retard (ce qui est apparemment habituel)… c’est encore jouable et nous sommes au « taquet » ! Heureusement car nous embarquons de justesse, à H-20 minutes. Typiquement moi… j’aime les petits défis et la pression que je m’impose à moi-même. Et au final, dans 99% des cas, ça marche ! 

Ah la Basse-Californie (BC)… elle fait partie des endroits que je n’avais pas encore eu la chance de découvrir, j’en rêvais. Et je n’ai pas été déçue. D’ailleurs si dans quelques années je m’expatrie pour ouvrir un petit hôtel quelque part, il est possible que vous me trouviez ici ! Mais pas partout ! Comme toujours, il faut savoir où aller. Éviter les pièges à touristes. Savourer les endroits cachés (j’en ai découvert un… vous n’imaginez même pas !).

Baja et ses cactus 

Je loue une voiture et comme je ne dispose pas d’énormément de temps et que je suis seule à conduire, je décide de rester en Basse-Californie du Sud. Je constaterai qu’il y a bien assez à faire et à voir pour une semaine, et que si j’avais su… je me serais évité l’une ou l’autre étape pour me concentrer sur autre chose. Mais on est toujours plus intelligents après et j’avoue que nous avons été gâtés : les requins-baleines venaient d’arriver à La Paz ! Six de ces énormes poissons se sont posés pour l’hiver dans une baie à 30 minutes en bateau de la ville. Des conditions exceptionnelles et une réglementation stricte permettent de faire de la plongée au tuba avec ces géants qui mesurent de 6 à 8 m de long. C’est impressionnant, effrayant aussi : leur bouche est plus grande que Maxime ! De fait, après un premier tête-à-tête mon petit garçon n’est plus retourné dans l’eau, mais je suis certaine qu’il se souviendra toute sa vie de la taille de l’aileron de la bête ! 

Une excursion à la découverte de l’archipel Espiritos Santos est également un must absolu. Cerise sur le gâteau, la plongée au tuba avec des lions de mer joueurs et avec des milliers de poissons multicolores. C’était magnifique ! Cabo Plumo reste aussi un petit paradis pour le moment épargné par l’invasion américaine. Les gringos, comme ils sont appelés ici, se cantonnent à la zone Cabo San Lucas – San José del Cabo. Heureusement pour nous ! 

Et s’il fallait citer une ville attachante de la Basse-Californie, je mentionnerais sans hésiter Todos Santos (décidément ils aiment les saints par ici !). Elle fait partie du concept mexicain « pueblos magicos » qui réunit les plus jolis villages (et villes) du pays tout en garantissant une bonne infrastructure, de la culture et de l’authenticité. Si pour notre part, budget obligeant, nous avons logé dans des tipis sis au cœur d’un joli jardin, il existe des petits bijoux hôteliers où j’aurais volontiers posé mes valises… Mais voilà, on ne voyage pas pareil si l’on dispose de 2-3 semaines que si on est sur les routes pendant 4 mois. Ceci dit, notre petit manque de confort est largement compensé par les découvertes incroyables que nous faisons au quotidien. Et cette étape mexicaine est certainement un coup de cœur pour moi, mais probablement aussi pour Maxime (qui a bien de la peine à dire ce qu’il a préféré depuis son départ). A la question récurrente il répond pour le moment : « TOUT, j’ai tout adoré et ça passe beaucoup trop vite ! ». 

Requin-baleine Un petit coin de paradis...

Je recommande de consulter Tourisme Pour Tous pour mettre sur pied un tel voyage hors des sentiers battus. En effet les étapes ne sont pas évidentes à identifier et vous vous éviterez de longues recherches. Mais je vous garantis 100% de plaisir ! 

Nous quittons ici l’Amérique latine et l’espagnol avec une larme à l’œil, mais nous réjouissons des nouvelles aventures qui nous attendent ailleurs ! 

Que le vaya bien… Andréanne Kohler