78e parallèle nord – Au bout du monde !

Petra Bies Découvertes

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Le Spitzberg, un nom évocateur d’extrême (nord), de nature sauvage, d’aventure… Un lieux qui ne ressemble à nul autre, tellement loin de tout, loin des territoires habituellement conquis par l’homme. Un de ces endroits où j’avais déjà été maintes fois dans mon imaginaire et avec mon doigt sur une carte, j’allais le découvrir en vrai et qui plus est en pleine nuit polaire !

Mi-janvier, je m’envole donc à destination d’Oslo, puis de Longyearbyen, chef-lieu de l’archipel du Svalbard (de son vrai nom !). Ayant déjà été en Laponie à la même période, j’assimilais la nuit polaire à ces « heures bleues », celles où il ne fait certes pas jour, mais où, grâce au réfléchissement de de la neige, on avance dans un décors presque surnaturel. C’était donc malgré tout une surprise pour moi, lorsqu’après 3h de vol, notre avion s’est posé sur le tarmac glacé et qu’il faisait nuit noire… il n’était que midi ! Etrange sensation que de penser que le Pôle Nord n’est qu’à 1400km, et qu’en regardant une carte on est en fait bien plus au nord qu’en Alaska ou en Sibérie et que malgré cela le thermomètre n’affiche que -2°C. C’est donc grâce (ou à cause !) du Golf Stream que la petite ville de Longyearbyen (2000 âmes sans compter les touristes) est aujourd’hui la ville la plus septentrionale au monde atteignable en avion.

C’est donc avec une certaine excitation qu’après avoir récupéré ma petite valise, je foule le sol… Difficile d’imaginer que nous sommes entourés de montagnes. On y voit rien ! Si ce n’est un drôle de panneau de circulation: attention ours polaire !

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Eh oui, on ne rigole pas avec les ours ici, moi qui me faisais déjà une grande joie à l’idée d’en croiser à l’état sauvage, j’ai assez vite compris qu’au vu de la visibilité, le fait d’en croiser un aurait un impacte considérable sur mon espérance de vie. D’ailleurs, interdiction de s’éloigner du village sans être armés… Le lendemain, notre guide nous expliquera ce qui se dit au sujet de l’ours: if it’s black, turn back (si il est noir, rebrousses chemin), if it’s Brown, lie down (si il est brun, couches-toi), if it’s white, good night (si il est blanc, bonne nuit), nous voilà avertis !

Sur les 2000 habitant que compte le chef-lieux du Svalbard, près de 40 nationalités sont représentées, pour la plupart des scientifiques. Historiquement, c’était une base pour les trappeurs et mineurs. Ce fût donc pour moi une agréable surprise de découvrir une rue principale joliment illuminée et bordées de plusieurs restaurants et cafés où le « hygge » danois prenait tout son sens. Après avoir pris possession de nos chambres au très sympathique hôtel Svalbard, nous voilà partis pour une première découverte de la petite ville. Sur chaque porte, le signe « fusils interdits » nous rappelle où nous sommes, car avec les nombreux magasins de sport et d’équipements outdoor on pourrait se croire dans une station de ski. Nous visitons aussi le musée polaire que je recommande vivement, il a été pensé par une vraie passionnée, super intéressant pour en apprendre plus sur la vie sous ces latitudes. Ce qui est bien avec la nuit polaire, c’est qu’on a tout le temps l’impression que c’est l’heure de l’apéro ! Après un excellent repas à l’hôtel, tout le monde part se coucher de bonne heure, la journée, ou plutôt la nuit à été longue !

Le lendemain matin, il fait toujours nuit lorsque nous partons vers 10h pour une excursion en motoneige. Ca y est, cette fois nous allons partir « Into the Wild », tout le monde a hâte, mais il faudra prendre son mal en patience car nous sommes une petite dizaine a devoir enfiler une combinaison « spécial grand froid » qui nous transforme en bonhommes Michelin. Petit aparté: je vous disais qu’il ne faisait que -2°C, ce qui est malgré tout anormal pour un mois de janvier. Ici, peut-être encore bien plus qu’ailleurs, le réchauffement climatique fait des dégâts. Le permafrost est en danger et des infiltrations d’eau ont contraint les ingénieurs à revoir les normes de sécurités de la banque mondiale des semences,véritable chambre forte de la biodiversité qui a été construite dans la montagne. Pour nous, cela signifiera juste de devoir partir d’un peu plus loin avec nos engins.

Ca y est, feu gaz ! Après avoir écouté le briefing de sécurité, nous voilà partis pour 50km de motoneige à travers la nature sauvage.

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N’étant pas spécialement friande d’adrénaline, j’étais une peu inquiète à l’idée de ne pas réussir à conduire mon bolide à toute vitesse dans le noir (nous avons tout de même fait des pointes à 60km/h). Mais mes craintes ont été vite oubliées après les premiers kilomètres. Notre chemin nous a conduits dans un canyon enneigé au bout duquel nous avons eu la chance de voir de jeunes rennes blancs, une rencontre magique. A mi-chemin, nous nous arrêtons pour déguster une soupe chaude et écouter les récits de notre guide sur la vie au Svalbard. Le 8 mars, lorsque le soleil refranchit pour la première fois l’horizon, c’est la grande fête. Mais dès la première quinzaine de février, le ciel s’éclaircit et se teinte, quelques heures durant, de nuance de mauve et de rose. Même si je garderai un bon souvenir de cette sortie, je me promets de revenir une fois un peu plus tard dans la saison pour découvrir les magnifiques paysages qui nous entourent.

Une deuxième journée se termine et toujours pas d’aurores boréales, peut-être ce soir ? Car nous nous éloignons de la ville pour aller manger dans un excellent restaurant le « Gruvelageret ». C’est peut-être la découverte à laquelle je m’attendais le moins: la gastronomie. Et je ne suis pas au bout de mes surprises… Même si certains mets peuvent ne pas plaire à tout un chacun (phoque, ours brun), tout est préparé avec délicatesse et soins et le décors et magique: des bougies absolument partout, une très belle adresse pour un dîner romantique… je note !

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Le lendemain matin, nous partons pour une randonnée. Equipée de mon appareil photo et d’un trépied (indispensable de nuit), je me réjouis beaucoup de cette sortie, découvrir la nature à un rythme plus lent et dans le silence. Et je ne vais pas être déçue. Nous grimpons avec des crampons aux pieds durant env. 1h pour atteindre des grottes de glace. Au fil de la montée, la vue sur Longyearbyn en contrebas et les montagnes qui nous entourent se dévoile (encore mieux sous l’objectif). Un jeune husky nous accompagne, c’est sa troisième sortie et je sympathise avec son propriétaire, un autrichien venu s’installer en tant que guide là-haut. Deux randonneurs à ski nous dépassent avec fusils sur le dos, normal quoi!

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Comme bénis par le ciel, en redescendant les voilà enfin, les aurores boréales et leur lumière verte qui danse sur le sommet des montagnes. Relativement légères, elles nous laissent cependant sans voix. Un spectacle magique pour clore cette troisième journée. Et pour clore le séjour en beauté, nous dînons chez « Huset », restaurant semi-gastronomique qui possède la plus grande cave à vin de toute l’Europe du Nord.

Décidément, le Svalbard est plein de surprises… En prenant la route de l’aéroport de lendemain, j’ai une certitude: je reviendrais bientôt!